Le salaire minimum au Québec augmentera de 60 cents à partir du 1er mai prochain, pour passer à 13,10 $ l’heure, un bel effort, selon la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), mais insuffisant pour sortir des milliers de gens de la pauvreté.
Le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet, a annoncé mercredi la hausse du taux général du salaire minimum de 60 cents l’heure, soutenant qu’elle bénéficierait à 409 100 personnes au Québec, dont 235 700 femmes.
Selon le gouvernement, cette augmentation de 4,8 % permettra d’atteindre, pour la période 2020-2021, la cible d’un ratio de 50 % entre le taux général du salaire minimum et le salaire horaire moyen.
En vertu des mesures annoncées, le salaire minimum payable aux salariés rémunérés au pourboire sera à 10,45 $ l’heure – une hausse de 40 cents – au 1er mai.
En mêlée de presse, M. Boulet a soutenu que cette hausse offrirait « une rémunération qui est équitable aux salariés, leur permettant ainsi de préserver et d’augmenter leur pouvoir d’achat, et contribuant aussi à la lutte à la pauvreté ».
« La hausse […] réduira l’incidence de la pauvreté, tout en respectant la capacité financière de payer des entreprises sans nuire à leur compétitivité », fait valoir le gouvernement.
En Ontario, le précédent gouvernement libéral a augmenté le salaire minimum à 14 $ l’heure l’an dernier, et prévoyait le faire passer à 15 $. Toutefois, le gouvernement progressiste-conservateur de Doug Ford a abandonné ce plan en prenant le pouvoir en juin dernier, et a gelé le taux général au moins jusqu’en octobre 2020.
Le salaire minimum est de 15 $ l’heure en Alberta depuis le 1er octobre 2018. En Colombie-Britannique, il est de 13,85 $ l’heure et doit être porté à 14,60 $ l’heure le 1er juin prochain.
Après avoir envisagé de réclamer un salaire minimum à 17 $ ou 18 $ l’heure, la FTQ a maintenu plus tôt ce mois-ci le cap sur sa revendication de porter le salaire minimum à 15 $ « le plus rapidement possible ».
« On pense que cela ne va toujours pas assez vite. C’est une augmentation intéressante, c’est un bel effort, mais à 13,10 $ l’heure, on ne croit pas que des gens qui gagnent le salaire minimum vont être capables de vivre dignement et décemment au Québec. Donc, on pense qu’il faut atteindre le 15 $ l’heure, et même plus, le plus rapidement possible », a fait valoir en entrevue téléphonique le président de la FTQ, Daniel Boyer.
Saluant l’atteinte de l’objectif du gouvernement d’un ratio de 50 % entre le taux général du salaire minimum et le salaire horaire moyen, M. Boyer a soutenu que « ce n’est pas un pourcentage du salaire moyen qui fait en sorte qu’on sort de la pauvreté ».
« On dit qu’il faut accélérer. C’est long avant qu’on atteigne le 15 $ l’heure. Et bientôt, on ne sera plus à 15 $, je vous le dis tout de suite. On attend de récentes études qui vont nous dire, un salaire viable au Québec, ça l’air de quoi. On a sorti cette année que 13 % des gens qui utilisaient des banques alimentaires étaient des travailleurs. […] C’est inquiétant, tout ça », a poursuivi le président de la FTQ.
La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) a dit être satisfaite du fait que cette hausse ne soit pas à 15 $ l’heure, et a dit croire « que celle-ci ne profitera malheureusement pas à tous et qu’elle créera une pression supplémentaire sur les PME ».
« Notre crainte est que les petits entrepreneurs font partie de ceux qui ne profiteront pas de cette hausse du salaire minimum. La hausse proposée de 4,8 % du salaire minimum est presque aussi importante que leur marge de profit et s’ajoute aux autres charges sociales payées par l’employeur. Pour atténuer cette pression financière, c’est souvent l’entrepreneur lui-même qui va travailler davantage ou diminuer son propre salaire », a fait valoir par communiqué François Vincent, vice-président à la FCEI.
Souce:
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