Échange de photos à caractère sexuel au Séminaire des Pères Maristes
C'est en mai dernier que le Séminaire des Pères Maristes suspendait six élèves de 12 et 13 ans, ayant échangés des photos «personnelles» de jeunes filles de leur école. Ces photos explicites circulaient depuis quelques semaines déjà. La direction a été avisée par des parents des plaignantes et une suspension d'une semaine a été sommée pour le groupe de jeunes garçons. Lors de cette semaine de suspension, les adolescents ont été isolés dans un autre bâtiment adjacent à l'école afin de recevoir leurs cours.
La police de Québec a arrêté le groupe de jeunes adolescents ayant propagé les photos. À ce moment, des chefs d'accusation de possession et de distribution de pornographie juvénile étaient possibles si l'enquête déterminait qu'il y avait assez de preuves et de raisons de porter plainte. Lorsque des mineurs sont arrêtés dans de telles circonstances, diverses sanctions sont possibles, comme une prise en charge par la DPJ de leur dossier et des travaux communautaires.
L'école s'est défendue en mai-juin dernier d'avoir déjà offert auparavant des ateliers de sensibilisation en lien avec la problématique des sextos et des échanges de photos. Comme plusieurs écoles de la province, le Séminaire des Pères Maristes a travaillé afin d'informer les jeunes des dangers liés à Internet et avait le souci de bien encadrer leurs adolescents.
Le 14 août dernier, l'école avait décidé d'expulser définitivement les élèves qui faisaient objet d'enquête. Le tribunal ordonne dix jours plus tard à l'école de réintégrer trois de ses six étudiants. Cette décision a été rendue après que les parents des trois étudiants aient adressé une demande à la Cour Supérieure de forcer la réintégration de leurs enfants. Plus de 3000 signatures ont été amassées au sein de la population en guise de protestation. L'une des présumées victimes a également déclaré avoir fait une tentative de suicide depuis les événements et qu'elle changera d'école pour l'année scolaire 2018-2019.
La saga étant loin d'être terminée, nous avons assisté le 28 août à un mouvement de soutien auprès des victimes par l'organisation d'une chaîne humaine autour de l'école. Le Regroupement des groupes de femmes de la Capitale-Nationale est l'organisateur principal de l'action. L'objectif de ce rassemblement est de soutenir les victimes et de les encourager dans leur démarche de dénonciations.
Le Ministre de l'éducation, Sébastien Proulx, a toutefois cherché à décourager le geste de solidarité en insinuant que cela ne servait à rien et que l'endroit est mal choisi.
Le CALACS de la Rive-Sud offre des sensibilisations dans les écoles afin de faire de la prévention auprès des adolescentEs en lien avec les agressions à caractère sexuel. Selon notre analyse, le partage de photographies à connotation sexuelle sans le consentement est une forme d'agression. Les victimes de cette forme d'agression vivront les mêmes conséquences qu'une victime, par exemple, de viol, d'attouchement ou d'inceste.
Il est selon nous primordial qu'un groupe spécialisé dans cette problématique rencontre et informe les jeunes. Le sujet étant délicat et nécessitant certaines connaissances, devrait être présenté par des professionnels. Nous ne disons pas que le Séminaire des Pères Maristes n'a pas bien éduqué ses jeunes. Nous disons que nous devons poursuivre ces démarches d'apprentissage, en discuter davantage et ne pas tolérer de violence sexuelle dans nos écoles. Malheureusement, en acceptant de réintégrer des présumés agresseurs, nous envoyons deux messages: il est possible de ne pas avoir de graves conséquences et que les victimes ne sont pas au centre des priorités des décideurs.
Chaque année, le CALACS de la Rive-Sud intervient auprès de nombreuses adolescentes ayant été victimes de sextage ou d'échange de photos. Chaque année, nous menons avec elles un combat quant à leurs droits de vivre dans un environnement scolaire sécuritaire et loin de leur agresseur. Bon nombre d'entre elles doivent gérer quotidiennement la présence de leur agresseur dans les corridors et les classes qu'elles fréquentent.
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