Les chômeurs dans la ligne de mire des conservateurs
SAINT-JEAN-PORT-JOLI - Plus de 100 personnes étaient réunies le 9 janvier dernier, à la salle du conseil de Saint-Jean-Port-Joli, pour en apprendre davantage sur les changements à la loi de l'assurance-emploi. Alain Lagacé, coordonnateur d'Action-Chômage Kamouraska, et le député néo-démocrate François Lapointe présentaient les changements qui sont entrés en vigueur le 6 janvier et qui auront de nombreuses répercussions sur les chômeurs.
Alain Lagacé estime que la loi sur l'assurance-emploi est l'une des plus complexes de la législature canadienne et qu'au fil des ans, son application et sa compréhension sont devenues encore plus difficiles.
Alain Lagacé estime que la loi sur l'assurance-emploi est l'une des plus complexes de la législature canadienne et qu'au fil des ans, son application et sa compréhension sont devenues encore plus difficiles.
Cette année, pourtant, il n'en revient pas lui-même. « Depuis le mois d'avril, nous sommes bombardés par une multitude de changements à la loi. Tout y passe : le nombre de semaine pour se qualifier, le montant que l'on peut gagner tout en recevant des prestations, l'obligation de retrouver un travail même à un salaire inférieur, les preuves de démarches de recherches d'emploi, la contestation d'une demande devant les tribunaux », explique-t-il.
Attaque aux travailleurs saisonniers
Les modifications à la loi touchent plus sévèrement les travailleurs saisonniers qui ne cumulent plus assez de semaines de travail pour avoir droit à un montant décent. « Quand on sait que 40 % des travailleurs saisonniers du Canada sont au Québec, on peut facilement croire qu'il s'agit d'une atteinte contre le Québec », s'insurge monsieur Lagacé.
« On rend les chômeurs responsables de ne plus avoir d'emploi », s'exclame un homme dans la cinquantaine dans la salle. « Pourtant, ce n'est pas moi qui ai décidé de me mettre au chômage, c'est mon boss », continue l’homme. Ils étaient plusieurs dans la salle à avoir l'impression que le gouvernement tend de plus en plus à rendre les chômeurs coupables de leur état.
Une centaine de personnes étaient présentes à la soirée d'informations
Photo: Virginie Guibert
Baisse louche du taux de chômage
Le taux de chômage d'une région va déterminer, en plus du nombre d'heures assurables, le nombre de semaines de prestations auquel a droit une personne au chômage. Plus le taux de chômage est bas, moins le nombre de semaines est élevé.
Le taux de chômage régional était de 9,3 % début décembre. Un mois plus tard, il était de 8,3 %. Monsieur Lagacé s'interroge sur cet exploit. « Depuis des années que je surveille le taux de chômage, j'ai toujours vu des variations de 0,3 ou 0,4 %. Subitement, en un mois, on se retrouve avec une baisse de plus d'un point. J'ai l'impression qu'il y a de quelque chose de louche là-dessous et qu'on se fait avoir », fustige monsieur Lagacé.
MM Lagacé et Lapointe craignent que l'application de cette loi complexe aux multiples exceptions soit très difficile. « On utilise le mot 'raisonnable' dans la nouvelle loi, mais cela n'indique en rien des critères applicables à tous, cela devient complètement discrétionnaire », s'exclame le député néo-démocrate.
Actions
Pour le député Lapointe, dans le combat aux côtés d'Action-Chômage Kamouraska, pas question de laisser passer une telle loi. « Nous demandons aux conservateurs de faire une étude sur les impacts que ces changements vont provoquer dans l'est du Canada... mais cette demande a été refusée quatre fois », de lancer le député.
En tant que porte-parole principal de l’Opposition officielle pour les petites et moyennes entreprises et en matière de tourisme, monsieur Lapointe a initié l'impression d'une carte postale que plusieurs ont vue circuler dans les commerces de la région. Plus de 30 000 cartes postales ont été signées dans l'est du Québec pour signifier au premier ministre Stephen Harper, leur désaccord avec les changements sur l'assurance-emploi
Indignation
« Je travaille en foresterie, je suis au chômage entre fin septembre et début mai. Je prends ma retraite dans un an, alors pour moi, ce n'est pas si grave. Mais je pense aux autres, et pour eux c'est épouvantable », explique M. Rolland Pelleter de Saint-Cyrille.
Plusieurs ont critiqué le fait que les gouvernements libéraux et conservateurs se sont servis dans la caisse de l'assurance-emploi et qu'ils en restreignent ensuite l'accès aux chômeurs. « On cotise pour cette caisse et elle appartient aux chômeurs », tonne l’un des participants avant d'ajouter qu'« il serait grand temps de rapatrier l'assurance-emploi au Québec ».
Il est difficile de comprendre tous les changements apportés à la loi. « Même les fonctionnaires ne sont pas au courant », affirme monsieur Lagacé, débordé par le travail. « Nous sommes brulés, on reçoit plein d'appels téléphoniques, nous avons des cas invraisemblables », ajoute-t-il.
De plus, Action-Chômage Kamouraska ne vit qu'avec 41 000 $ par année pour payer à la fois les ressources humaines, le bureau et les frais courant de l'organisme... tout cela pour couvrir 10 MRC.
De plus, Action-Chômage Kamouraska ne vit qu'avec 41 000 $ par année pour payer à la fois les ressources humaines, le bureau et les frais courant de l'organisme... tout cela pour couvrir 10 MRC.
« La première chose à faire ce soir, c'est prendre notre carte de membre pour les soutenir dans le travail qu'ils font pour nous », a dit Bernard Duval, appuyé par une volée d'applaudissements.
Source: http://www.leplacoteux.com/index.asp?s=detail_actualite&id=138070
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